Mimèsis et lutte pour la reconnaissance

International audience; Face à l'altérité du texte, le lecteur s'expose à deux dangers : d'un côté, la possibilité de réduire la complexité du texte en ramenant au même la variété des éléments, de l'autre, le risque de ne pas suffisamment tenir compte du pouvoir déformateur des stéréotypes qui conditionnent sa lecture. L’interprétation d'un texte littéraire pourrait se transformer en une lutte au cours de laquelle ce qui est perçu comme différent risque d'être assimilé à ce qui est déjà connu par le lecteur. Dans l'espace de ma communication, je me propose de montrer comment, depuis la perspective des sciences cognitives, le processus de nivellement des différences semble représenter une des modalités les plus communes d'aborder un textenarratif. À travers l'application du modèle de la dialectique de la reconnaissance de Hegel, interprété par Axel Honneth, au domaine des études narratologiques, j'essaierai de montrer à quel point le processus de « naturalisation » de ce qui est considéré comme aberrant par l’interprète constitue l'essence même de l'activité mimétique, cette dernière entendue comme une lutte pour la reconnaissance entre l'auteur, le texte et l’interprète qui se produit pendant toute la durée du processus interprétatif.Dans la première partie de ma communication, je décrirai les grandes lignes de l’interprétation d'A. Honneth de la dialectique de la reconnaissance de Hegel. Dans un second temps, j'aimerais exposer quelques théories récentes s'inscrivant dans le courant des approches cognitives du récit, dont l'approche « naturelle » du récit défendue par Monika Fludernik. Dans la troisième partie de ma communication, j'effectuerai un lien entre l'approche de Hegel/Honneth et celle théorisée par la narratologue allemande. Dans cette troisième partie, je vérifierai mes hypothèses en m’appuyant sur l'analyse d'un extrait du roman de Michel Houellebecq Plateforme (2001). Dans la partie conclusive de ma communication, j'effectuerai un lien entre la conception de l'activité mimétique conçue comme une lutte pour la reconnaissance et la notion d'identité narrative énoncée par P. Ricoeur dans le troisième tome de Temps et récit.